Sois fidèle jusqu'à la mort

Apocalypse 2.8-11 / 29.01.2012

Cette lettre est la plus courte des sept. Elle très directe et simple, elle promet la mort au fidèle. Que c’est difficile à entendre !

Le messager arrive à la deuxième étape : la ville de Smyrne

Ses habitants étaient fiers d’être les citoyens d’une cité qu’ils disaient «la première ville d’Asie». Fiers de sa renommée pour sa beauté entourée de la «couronne», ensemble de bâtiments somptueux construits sur les collines qui entourent la crique. Fiers de cette ville, semblable au phénix, qui avait pu renaître d’une destruction. Fiers aussi des cultes rendus à Rome et à l’empereur. Fiers de sa poursuite de tous ceux qui ne proclamaient pas : «César est Seigneur !»

Ces fiertés engendraient un zèle patriotique qui rendait la vie des chrétiens dangereuse, car ils étaient réfractaires à plier le genou devant l’empereur. Les juifs de la ville, dispensés du culte impérial, ne se gênaient pas de se distinguer de ces fidèles qui avaient reconnu en Jésus le Messie. 

Nulle part la vie était plus dangereuse pour un chrétien qu'à Smyrne »5, à cause du zèle patriotique des autorités municipales.

Pour les chrétiens, la ville de Smyrne dégageait une odeur de mort, comme la myrrhe à l’origine de son nom (Izmir actuelle).

Le style binaire de l’architecture du texte souligne la radicalité du de l’engagement chrétien dans ce contexte : premier/dernier ; mort/vivant ; pauvre/riche ; synagogue/assemblée de Satan ; mort/couronne de vie.


8« Écris à l'ange de l'Église de Smyrne : « Voici ce que déclare celui qui est le premier et le dernier, celui qui était mort et qui est revenu à la vie : 

Jésus se décrit comme étant le premier et le dernier, celui qui était mort et qui est vivant. Il se place en concurrent, en opposition à la ville.  Si les habitants pouvaient être fiers de leur ville, les chrétiens pouvaient d’autant plus glorifier leur Seigneur.

9Je connais ta détresse et ta pauvreté — mais en réalité tu es riche ! — Je sais le mal que disent de toi ceux qui se prétendent Juifs mais ne le sont pas : ils sont une assemblée de Satan ! 

« Je connais ta détresse » (ta tribulation)

C’est un réconfort de savoir que les souffrances des chrétiens et de l’Eglise n’échappe pas à la connaissance et à la compassion de son Seigneur. Dans la détresse, il nous arrive de nous croire oublié de Dieu. C’est faux.

L’Eglise souffrait car les chrétiens refusaient de rendre un culte à l'empereur. Ce refus entraînaient des difficultés pour trouver du travail et une marginalisation sociale. Il suffit de voir ce que doivent subir actuellement des chrétiens dans les pays hostiles à l'évangile pour avoir une idée de ce que les chrétiens de Smyrne avaient à endurer.

Je connais ta pauvreté – mais tu es riche ! 

Dans une vile prospère, les chrétiens étaient pauvres aux yeux des hommes. Mais aux yeux de Dieu, c’est eux qui étaient les véritables riches de la cité.

Les chrétiens avaient un trésor caché dont la valeur est éternelle.

Qu’est-ce qui constituait leur richesse ? Un alliage de fraternité, de solidarité dans l’adversité, de partager le sort de Jésus, de connaître la compassion de Dieu et de croire en la bonne nouvelle du pardon des fautes. 

10Ne crains pas ce que tu vas souffrir. Écoute : le diable va vous mettre à l'épreuve en jetant plusieurs d'entre vous en prison ; on vous persécutera pendant dix jours.

Une nouvelle fois dans la Bible, Dieu adresse cette exhortation – « n’aie pas peur ! ». Et pourtant, il y a de quoi. Le Seigneur ne fait pas de promesse de libération, de délivrance extraordinaire, de conversion des persécutants.

La fin de l’épreuve, ce n’est pas la libération mais la mort !

Ce n’est l’Evangile de la prospérité que Jésus annonce à son Eglise, c’est l’Evangile de l’adversité. 

Quelle est notre propre conception de l’Évangile ? Le considérons-nous comme une assurance contre tout désagrément dans la vie ?

Jésus traite les chrétiens de Smyrne en adultes : il ne leur cache pas la vérité. Il leur annonce que plusieurs d'entre eux seraient jetés en prison.

Cette situation n'est plus la nôtre ? Tant mieux ! Il faut seulement en être reconnaissants.

Si à Ephèse, le danger pour l’Eglise venait d’elle-même («tu as perdu ton amour premier..»), à Smyrne, l’origine de l’opposition à l’Eglise est clairement identifié et dénoncé : c’est Satan ou le Diable. Derrière les menaces de la société ou d’autres religions, les décisions d’une administration ou d’un pouvoir politique, il y a l’ennemi de toujours qui cherche à nous séparer de Dieu. Jésus le démasque. C’est la responsabilité de l’Eglise de dévoiler celui qui prend toujours de nouveaux visages pour nuire au peuple de Dieu. «Délivre-nous du Malin...»

« ... vous aurez une tribulation de dix jours »

Dieu fixe une limite à la tribulation comme à la tentation.

Sois fidèle jusqu'à la mort, et je te donnerai la couronne de victoire, la vie éternelle.

« Sois fidèle jusqu’à la mort »… Et non pas: « sois fidèle jusqu’à ta mort ! » Sois fidèle, même si te coûte la vie. Le Ressuscité présente la mort comme une victoire. Comme à la croix, Satan croit remporter la victoire. Jésus est revenu à la vie, de ceux de ses disciples qui le suivent jusqu’à la mort

Ce message de fidélité est-il pour nous ?

En Suisse, cela ne semble pas conduire à la mort. Rester fidèle semble peu de choses. Mais Hudson Taylor disait : « une petite chose reste une petite chose, mais demeurer fidèle en une petite chose est une grande chose ! » 

Dieu ne demande pas des exploits spirituels, mais une fidélité persévérante dans les petits défis et tentations de la vie quotidienne.

« Heureux l’homme qui supporte patiemment la tentation ; car, après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que le Seigneur a promise à ceux qui l’aiment. » (Jacques 1:12)

La couronne de vie sera remise par le Seigneur lui-même pour prix de la fidélité.

11« Que chacun, s'il a des oreilles, écoute bien ce que l'Esprit dit aux Églises ! « Ceux qui auront remporté la victoire ne subiront pas la seconde mort. »

Cette promesse s'adresse à chacun, et non plus à la communauté dans son ensemble : le combat vers la victoire dont il est donc individuelle, c'est à chacun de la remporter. Que chacun puisse trouver de l’aide dans son Eglise pour son combat.

Aux vainqueurs, le Seigneur promet qu'ils ne subiront pas la seconde mort. La première mort étant la mort physique que tous les hommes connaissent. La seconde mort est celle qui vient après la résurrection et le jugement. Elle est appelée aussi "étang de feu" dans Apocalypse 20 et 21. C'est une mort éternelle, elle est la sanction définitive pour tous ceux qui auront fait le mal et qui n’auront pas trouver le pardon de Dieu.

Si Jésus a déjà remporté la victoire à la croix, le combat spirituel n'est pas terminé. Il faut le mener jusqu'à la fin. La victoire appartient à ceux qui persévéreront dans la foi jusqu'à leur dernier jour.