La bonté convient à Dieu

Esaie 55.6-9 / Philippiens 1.20-27 / Matthieu 20.1-16


Qu’est qui est juste ? La justice n’est pas une donnée évidente à l’être humain, mais se trouve révélé par Dieu lui-même.

La parabole est bâtie d’une manière provocante afin de confronter la justice humaine et la justice divine. De cette confrontation naît la perception d’une justice divine qui est le pur produit de la libre bonté divine.

Dieu ressemble à un employeur juste (20.1-7)

La parabole ne décrit pas le travail des ouvriers vignerons, mais plutôt l’inlassable travail de recrutement du Maître de la vigne sur la place du marché.

Dès 6h, un «contrat» est conclu pour le salaire d’un denier. Le denier représente ce qu’il faut pour la vie.

Puis à 9h, le maître donne la promesse de donner «ce qui est juste». Dans notre tête, immédiatement nous calculons ce qui est juste. La proportion d’un denier correspondant à la proportion de la journée de travail.

A midi puis à 15h, le patron recrute encore.

Et encore à 17h, il embauche pour travailler dans sa vigne.

De manière similaire, le Seigneur, à toutes les heures, appelle des hommes à sa suite, à toutes les heures il les invite à travailler à sa vigne, à la venue de son Royaume. Alors, qu’on soit arrivé le premier ou le dernier, la seule chose qui compte pour lui, c’est d’avoir répondu à l’offre d’embauche... 

Dieu ne désespère de personne, jusqu'à la dernière heure : Il embauche ne serait-ce que pour une heure!

Et le Seigneur va et vient continuellement entre sa vigne et le coeur de nos vies pour ne laisser personne sur le pavé. 

Peut importe donc de savoir qui a reçu l’appel en premier, seul compte la réponse que chacun donnera à cet appel à venir travailler dans « la vigne du Seigneur ». 

Dieu ressemble à un employeur généreux (20.8-16)

Jésus fait mettre en scène le versement du salaire :

Appelle les ouvriers et paie-leur le salaire, en allant des derniers aux premiers:

Les ouvriers embauchés à 17h passent devant, et reçoivent l’équivalent d’une journée complète ! 

Vous imaginez la joie de ces ouvriers ? Évidemment ! 

Vous imaginez aussi la joie des autres ouvriers ? Ils ont dû se dire que si les derniers recevaient autant d’argent, alors les premiers, qui ont peiné tellement d’heures dans la chaleur, seraient peut-être payés 10 fois plus !

«Les premiers vinrent ensuite pensant recevoir davantage, mais ils reçurent eux aussi, chacun un denier. En le recevant, ils murmurèrent contre le maître de la maison et dirent : Ces derniers venus n’ont fait qu’une heure, et tu les traites à l’égal de nous, qui avons supporté le poids du jour et la chaleur. » 

Dans la perspective des premiers auxquels nous nous sommes identifiés, nous conduit à exprimer de l’indignation. «C’est injuste !»

Cela donne la possibilité au maître de se défendre en 4 points :

  1. Mon ami, je ne te fais pas de tort. Ce que le maître donne aux derniers ne se fait pas au détriment des premiers. Ils reçoivent ce qui était convenu, ce qu’ils étaient en droit d’attendre. Les premiers ont vraiment obtenus ce qui leur était promis : emporte ce qui .... Mais ils désiraient qu’il y ait une nette différence entre eux et les derniers venus. Il fallait que les autres soient abaissés. Le maître de la vigne refuse l'accusation d'injustice! Il avait convenu avec lui d'un denier pour la journée de travail. Il l'a reçu. Où est le problème? Il reçoit ce qui est juste, et rien de plus. Il est traité selon la justice. De quoi se plaint-il ? Ses rapports avec le maître étaient dictés par la justice. Il voulait de la justice ? Il l'obtient. Qu'il ne s'attende pas à de la grâce, parce qu'il ne comprend pas ce concept et ne l'admet pas chez les autres. Il veut interdire au maître d'être bon, de faire preuve de miséricorde envers les autres. Il veut plus qu'eux, et cela au nom de la justice et non de la grâce.
  2. Je veux donner à ce dernier autant qu’à toi. Donner également parce qu’il le veut. Seule sa volonté compte. Ce n’est pas une appréciation du travail des derniers, qui auraient fait en une heure autant que les autres en 9 heures. Le maître ne méprise pas et ne diminue pas la valeur du travail des premiers.
  3. Ne m’est-il pas permis de faire ce que je veux de mon bien ? On ne peut pas non plus lui reprocher d’avoir disposé sans autorisations de moyens financiers. C’est bien lui et non nous, qui est compétent pour décider l’usage de ses biens. Le maître plaide pour sa grâce. Il est souverain dans la gestion de ses biens. Il a donc parfaitement le droit de faire preuve de bonté, où et quand il veut, et ne doit de comptes à personne. 
  4. Ou alors ton oeil est-il mauvais parce que je suis bon ? Question qui nous renvoie à notre regard. Appel à changer de regard. Plus avec un regard de frustré, mais avec son regard à lui. Il faut plutôt se réjouir de ce qu’il permet au dernier de vivre. Se réjouir de l’heureux sort des autres. La question entraîne une réponse elle aussi évidente. Elle prononce un verdict de méchanceté et de dureté sur celui qui n'admet pas la bonté du maître. L'accusation d'injustice retombe ainsi sur celui qui l'a formulée. Accuser et condamner la grâce est la meilleure façon de la perdre.

La justice du maître est celle de la miséricorde, tandis que la justice des premiers expriment à notre place est celle du mérite proportionnel.

Nous retenons :

L’accent sur le travail du maître. Le travail à la vigne n’est pas décrit. Il est mentionné seulement par les premiers pour leur mérite. C’est le travail du maître qui est important pour la récompense du soir. Le maître travaille pour les ouvriers, les transfert de la place du marché à la vigne. Notre travail de chrétien est important au sens où c’est un travail pour le maître, effectué sur l’appel du maître.

Esaie 55.6-9

6Cherchez le SEIGNEUR pendant qu'il se laisse trouver ; invoquez-le pendant qu'il est proche.

7Que le méchant abandonne sa voie, et l'homme malfaisant ses pensées ; qu'il revienne au SEIGNEUR, qui aura compassion de lui, — à notre Dieu, qui pardonne abondamment.

8Car mes pensées ne sont pas vos pensées, vos voies ne sont pas mes voies— déclaration du SEIGNEUR.

9Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes voies sont élevées au-dessus de vos voies et mes pensées au-dessus de vos pensées.

On raconte l’histoire d’un mendiant qui faisait l’aumône sur la route où passait Alexandre le Grand. Son extrême pauvreté ne lui permettait certainement pas de se présenter devant ce grand conquérant. Mais le voyant, le roi lui jeta plusieurs pièces d’or. Un membre de sa cours fut très surpris de sa générosité et dit au Roi : « Sire, des pièces en cuivre sont plus appropriées pour un pauvre ». Alexandre répondit : « Des pièces en cuivre sont plus appropriées pour un pauvre, mais des pièces en or sont plus appropriées pour la générosité d’un roi ! »