Eglise en paix... des morts !

Le 06.05.2012 / Apocalypse 3.1-6

Après avoir considéré les messages aux églises d’Ephèse, de Smyrne, de Pergame et de Thyatire, nous arrivons à celui adressé à l’Eglise de Sardes. 

A l'ange de l'Eglise de Sardes, écris ...

Sardes se trouvait à une cinquantaine de kilomètres au sud-est de Thyatire, dans la vallée de l'Hermus, la plus fertile de l'Asie.

On trouvait aussi dans ses environs la « pierre de Sardes » ou sardoine (cornaline rouge), qui apparaît un certains nombre de fois parmi les pierres précieuses citées dans la Bible.

Au 7ème et 6ème siècle avant Christ, Sardes, la capitale du royaume de Lydie, était très riche. Le roi Midas, désireux de se débarrasser de la touchée d’or légendaire qu’il avait tant convoitée au départ, reçut l’ordre de se laver dans la rivière Pactole. Désormais, cette rivière assurait la richesse de Sardes située sur ses rives. Ce fut là qu’on frappa les premières pièces composées d’alliage d’or et d’argent. Située à environ 100km d’Ephèse et de Smyrne, à l’intérieur des terres, la cité était construite en haut d’une acropole composée de terre compactée dont l’érosion avait formé des falaises vertigineuses. Un seul sentier étroit conduisait à la citadelle. Les rois de Lydie se croyaient donc totalement à l’abri . 

L'expression «conquérir Sardes» était un dicton qui signifiait tenter l'impossible.

Pourtant, à deux reprises, Sardes a été capturée et de la même manière : par surprise – comme un voleur dans la nuit – au moment où l’on s’y attendait le moins. La première fois ce fut par Cyrus en 547 et la deuxième fois par Antiochos III le Grand.

Sardes fut ravagé par un tremblement de terre en l’an 17 de notre ère. Il frappa aussi comme un voleur dans la nuit ! Mais si on l’a reconstruit et a connu une certaine mesure de développement économique, sa gloire était loin derrière elle au moment où Jésus lui adresse ce message.

La vie luxueuse et dissolue de la ville était devenue proverbiale.  « Vivre à la Sardes » était synonyme de mener une vie débauchée.

Comme chaque lettre aux sept églises, celle adressée à Sardes montre à quel point l'environnement et les conditions de vie de la cité ont affecté les membres de la petite Eglise orientale... Chaque individu est affecté non seulement par la nature mais aussi par les circonstances et l'atmosphère de la ville dans laquelle il vit ; et cela est particulièrement évident à Sardes.

Voici ce que dit celui qui a les sept esprits de Dieu et les sept étoiles 

La description ici fait penser au message à Ephèse : « 7 étoiles et 7 chandeliers » . 

Les images de Jésus à Ephèse et à Sardes soulignent que c’est Jésus et non César qui est Seigneur, c’est lui qui tient l’Eglise dans sa main droite, et c’est lui qui marche au milieu des chandeliers, c’est lui qui agit par la plénitude de son Esprit au sein des églises. 

Ephèse a perdu son premier amour (2 :1) et Sardes a perdu sa vie (3 :1) – elles avaient oublié toutes les deux qu’elles étaient des églises de Jésus-Christ ! Elles n’étaient pas de simples associations, des clubs sociaux ou des organisations humaines. Elles étaient avant tout des regroupements de croyants qui confessaient Jésus-Christ comme Sauveur ! Nous ne devons jamais oublier qu’il est notre seul fondement !

Je connais tes œuvres ; je sais bien que tu es réputé vivant, mais tu es mort.

Les reproches que le Seigneur adresse à l'Eglise de Sardes sont plus sévères que pour n'importe quelle autre ville.

Tout était factice – l’Eglise donnait l’apparence de vie – elle était vivante sur le plan physique, mais elle n’avait pas de vie spirituelle. N’est-ce pas frappant que les deux églises qui n’essuient que de critiques : Sardes et Laodicée, ce sont les seules où il n’y avait pas d’opposition et l’Eglise perdit son dynamisme, elle s’endormit ! 

L'Eglise de Sardes était complètement tranquille de l'extérieur et de l'intérieur. L'Eglise de Sardes était en paix, mais c'était la paix de la mort.

L'Eglise s'était conformée à la société de Sardes, elle avait adopté toutes ses coutumes et ses comportements, y compris la dissolution des moeurs, il n'y avait plus de différence entre les chrétiens et les non-chrétiens.

Comme une Eglise locale ne décide pas un beau jour de devenir sectaire ou légaliste, aucune communauté chrétienne ne décide de s’endormir !

Le sommeil spirituel s’installe insidieusement.

Que dit Jésus à une telle église ? D’abord une série de d’ordre suivis d’une série d’avertissements !

Sois vigilant et affermis le reste qui est sur le point de mourir, car je n'ai pas trouvé tes œuvres pleinement accomplies devant mon Dieu. Rappelle-toi donc ce que tu as reçu et entendu, garde-le et change radicalement.

Telle une série de secousses d’un tremblement de terre, Jésus s’adresse à l’église : « Sois vigilant » – autrement dit, « Deviens veillant ! », c’était particulièrement pertinent en ce qui concernait Sardes à  cause de son histoire où le roi n’avait pas placé de veilleurs sur les remparts ! Apparemment, l’Eglise faisait la même chose ! Elle s’était endormie croyant qu’elle ne risquait rien ! 

Se réveiller, pour l'Eglise de Sardes, c'était se rendre compte de sa situation, de son état spirituel.

 « Raffermis ce qui reste et qui est sur le point de mourir »  - tout n’est pas perdu à condition d’agir rapidement. 

Comment être raviver ? En se souvenant, en obéissant et en se repentant – ce sont les mêmes ordres que Jésus avait donné à l’Eglise d’Ephèse (2 :5). 

Cela devrait nous rappeler que le réveil vient toujours par un retour aux vérités de base et jamais par un enseignement nouveau, une idée innovatrice qui sort de nulle part ! 

L’Eglise doit « garder » la parole, les commandements de Dieu. Il peut y avoir de l’innovation dans la méthode, dans la présentation mais les vérités proclamées seront toujours les mêmes !

Si tu ne veilles pas, je viendrai comme un voleur et tu ne sauras pas du tout à quelle heure je viendrai te surprendre.

Si jamais l’Eglise refuse de s’éveiller, Jésus avertit du jugement imminent. Tout comme l’ennemi était entré à 2 reprises, Jésus viendra comme un voleur dans la nuit. 

Le Seigneur n’est pas un voleur, mais si nous ne sommes pas vigilants dans notre attente nous risquons de considérer sa venue comme une intrusion dans notre vie et une mauvaise surprise ! Par contre, si nous l’attendons, sa venue sera une agréable et merveilleuse surprise.

Cependant, tu en as quelques-uns, à Sardes, qui n'ont pas souillé leurs vêtements ; ils marcheront avec moi en vêtements blancs, parce qu'ils en sont dignes.

Nous sommes à Sardes, capitale de la haute couture de l'époque. L'évocation des vêtements est éloquente.

Heureusement, tous à Sardes n’avaient pas perdu de leur vitalité – Jésus voyait quelques uns qui n’avaient pas souillé leurs vêtements. Jésus promet qu’ils marcheront avec lui en vêtements blancs, symbole de pureté. 

La souillure fait allusion au désordre dans le domaine sexuel.

La sexualité est un don de Dieu lorsqu’elle est vécue dans le cadre donné par Dieu, c'est-à-dire celui du mariage et de la fidélité. Dans ce contexte, la sexualité n’est pas une souillure.

Mais la société n’a pas les mêmes règles concernant la sexualité.

La promesse au vainqueur : 

Ainsi le vainqueur sera habillé de vêtements blancs ; je n'effacerai jamais son nom du livre de la vie, je reconnaîtrai son nom devant mon Père et devant ses anges.

Jésus leur promet 3 choses :

·         des vêtements blancs pour remplacer des vêtements souillés par le contact avec la société païenne,

·         le nom dans le livre de vie, le registre de tous ceux dont la demeure est le ciel.  Dans le contexte de l’antiquité, le nom des citoyens étaient notés dans un registre jusqu’au jour de leur mort, puis, ces noms étaient effacés (comme sur le registre des gens éligibles à voter !). Lorsque Jésus affirme donc qu’il n’effacera jamais le nom des vainqueurs du livre de vie, indique que même la mort ne pourra jamais nous séparer de l’amour de Dieu en Christ,  

·         et la reconnaissance de leur nom devant le Père et devant les anges – une allusion claire à Matthieu 10:32 

« Quiconque reconnaît publiquement qu’il est mon disciple, je reconnaîtrai moi aussi devant mon Père qui est dans les cieux qu’il est à moi. » 

Manifestement, certains chrétiens à Sardes avaient peur de confesser le nom de Jésus devant le monde – ils avaient peur de confesser son nom de peur d’être indiqués du doigt et de perdre leur citoyenneté. Ce qui compte, selon Jésus, n’est pas ce que pense le monde mais sa relation avec Jésus et sa fidélité envers lui.

Notons aussi qu'au jour du jugement, ce ne sont pas les Eglises qui rendront compte à Dieu, mais les individus. Chacun rendra compte à Dieu pour lui-même, parce qu'il est possible de rester fidèle même dans une Eglise corrompue.

6 Que celui qui a des oreilles entende ce que l'Esprit dit aux Eglises !

Le Seigneur Jésus ne désespère pas de ses églises ! Les véritables enfants de Dieu, même s’ils se sont égarés loin de la simplicité de l’Évangile, peuvent revenir, peuvent se repentir et repartir.

Le Seigneur des églises tient à la disposition des vrais disciples cette plénitude de son Esprit qui peut regonfler même une communauté moribonde comme celle de Sardes. La puissance qui a ressuscité Jésus d’entre les morts peut remettre sur pied cette Eglise plus que chancelante.