Guerres, crises et cataclysmes

20.01.2013 / Apocalypse 6

Introduction

Entrons dans une autre façon de penser

La lecture de l’Apocalypse n’est pas facile pour un esprit cartésien. Il est habitué à ce qu’on peut appeler la description linéaire. Une histoire doit commencer par le début et de façon chronologique aller jusqu’à la fin. Le cartésien pense en ligne droite.

Jean ne pensait pas du tout de cette manière...

Fils d’Israël, Jean avait des habitudes et des formes de pensée sémitiques. Et les Sémites aimaient faire plusieurs fois le tour de ce qu’ils décrivaient ou racontaient. Ils aiment revoir les mêmes choses ou les mêmes événements sous un angle différent. Pour mieux comprendre leur esprit, il faut imaginer une approche en spirale : chaque boucle apporte un éclairage nouveau. Faire trois fois le tour de son sujet était un minimum, mais le summum était d’en faire sept fois le tour.

Objet principal du livre de l’Apocalypse, Jean fera sept fois le tour de « la révélation de Jésus-Christ ». 

Le premier tour est « Jésus par rapport à ses églises » : c’est les sept lettres avec la vision du Christ glorieux qui les précède et les introduit. 

Les six autres séries de sept éléments qui suivent se développent à partir de la vision du « Tabernacle dans les cieux » qui remplit les chapitres 4 et 5. C’est dans cette vision que nous avons découvert le livre avec ses sept sceaux dans la main de celui qui est assis sur le trône. Ces sceaux fourniront le fil conducteur d’une première série de sept visions. Ensuite, chaque nouvelle série de sept partira d’un autre élément de la scène de la « salle du trône ».

L’Apocalypse a été écrite pour nous faire découvrir une autre façon de penser le monde, la vie, l’Église..., mais surtout une autre façon de voir Jésus lui-même. Ces visions complètent et élargissent notre compréhension de la personne et de l’action de l’Agneau de Dieu.

Ces visions nous parlent de notre histoire et se focalisent de plus en plus vers son aboutissement. 

Le cycle des sceaux est parallèle à l’enseignement de Jésus dans les Evangiles : Matthieu 24 ou Marc 13. On y retrouve les mêmes composants qui constituent l’histoire des hommes : Guerres et rumeurs de guerre, Conflits internationaux, Famine, Tremblements de terre, La mort, les épidémies, Tremblements de terre, cieux ébranlés, La persécution des chrétiens. L’Evangile annoncé à toutes les Nations. 

Jésus dit formellement que ces choses doivent arrivent mais que ce n’est que le commencement des douleurs de l’accouchement !

Plan d’Apocalypse 6

Nous voyons clairement 3 séquences dans cette vision de l’ouverture des sceaux.

La vision des 4 chevaux, ouverture des 4 premiers sceaux, v.1-8

La vision des âmes des martyres sous l’autel, cinquième sceau, v.9-11

La vision des bouleversements cosmiques qui terrifient les hommes, sixième sceau, v.12-17

1. La vision des 4 chevaux, ouverture des 4 premiers sceaux

1er sceau: Il y a deux hypothèses: 

1) Celui qui monte le cavalier blanc n'est pas Jésus-Christ comme en 19.11‑13, ou le cavalier porte un revêtement teint de sang, c'est un des cavaliers de l'apocalypse, qui apportent la destruction, le jugement. C'est la cavalier de la séduction, qui essaie d'imiter le vrai cavalier, mais il y a une chose qu'il ne peut pas avoir: un vêtement teinté de sang innocent. 

2) C'est une puissance au service de Dieu (l'indication qu'il vient en vainqueur va dans ce sens) : C'est la prédication évangélique ou même le Christ lui-même.

Il part en vainqueur, la victoire lui est déjà acquise. Pour vaincre, pour réaliser, accomplir cette victoire, la rendre évidente, éclatante pour tous.

Le blanc= salut, vie pureté, toujours dans l’apocalypse un symbole céleste.

Le cheval blanc, monté par un cavalier qui sort en vainqueur et pour vaincre, représenterait donc la marche triomphante de l'Évangile à travers le monde.

2ème sceau: Le cavalier de la guerre, le fléau de la guerre. La guerre existe déjà, ce qui montre que l'apocalypse ne décrit pas seulement une chronologie future, mais elle montre des traits caractéristiques que l'on retrouve dans l'histoire du monde.

3ème sceau: Le cavalier de la famine. Le cavalier qui mesure, rationne, vend et pèse. Balance vente, argent. Donne le minimum vital quotidien : 1 denier, 1 mesure. Puissance de l’argent, économie et le fléau économique ( crise, rareté, pauvreté, famine).

4ème sceau: Le cavalier de la mort qui agit depuis le début de la création. Monté par la mort ou la Peste. Puissance active de la mort, maladies, bêtes. 

Le Dieu de la Genèse pose les limites (v.8b) aux puissances du chaos et de l’anéantissement. L’humanité continue.

Seul le premier cheval n’a pas de limites.

4 cavaliers = 4 premières composantes de l’Histoire.

Histoire = entremêlement du pouvoir politique, économique, de la destruction, de la mort mais aussi de la Parole de Dieu. 

Les chevaux parcourent la terre dans une course terrible et vagabonde. Ils paraissent tantôt à un point tantôt à un autre sans que nous puissions saisir une logique. Un hasard à nos yeux. Le galop des cavaliers surgissants et disparaissants passe en bouleversant nos vies personnelles et notre compréhension de l’Histoire.

On peut analyser les événements, nous en revenons toujours à la puissance économique, au travail, au commerce, à la puissance politique, à la guerre et à la “justice”, à l’influence de la Mort, des épidémies et de la démographie. Les forces restent les mêmes. Pas de progrès.

2. La vision des âmes des martyres sous l’autel, cinquième sceau

Dans l’AT, le sang des animaux sacrifiés coulait de l’autel. Dans sa vision, Jean voit sous l’autel, non pas le sang des animaux mais l’âme(sang) des martyres dont la mort est considérée comme une offrande à Dieu. Ils se sont sacrifiés à cause « de la parole de Dieu et du témoignage ! »

Le mot âme est utilisé pour souligner le fait que les morts en Christ sont en attente de la résurrection – ils sont « hors du corps ».

Le meilleur commentaire de cette vision est probablement une phrase prononcée par Dieu à l’intention de Caïn : Le sang de ton frère (Abel) crie de la terre jusqu’à moi. Genèse 4.10.

C’est ce langage qui se répète tout au long du livre : Dieu fait appel aux siens afin de rester fidèles et de tenir coûte que coûte.

Cela veut dire qu’on reste fidèle à Celui qui est assis sur le trône, qu’on cherche à affirmer que notre vie est basée sur Jésus-Christ à qui toute l’adoration est due, à cause du sacrifice qu’il a consenti pour nous sur la croix. Il existe encore des endroits dans le monde qui, si l’on s’attache à cette vérité, conduit à la mort !

Ce passage répond à un autre problème pour le croyant. Est-ce que Dieu tourne le dos à la personne qui a mis sa foi en lui ? Comment se fait-il qu’il permette aux siens de subir le martyre ? Pourquoi ne l’empêche-t-il pas ? 

Ces questions sont au cœur de ce cri des martyres : « jusqu’à quand » ? « Pourquoi n’interviens-tu pas pour établir ta justice ? » Leurs bourreaux étaient « les habitants de la terre » expression qu’on trouve neuf fois dans ce livre pour désigner ceux qui vivent leur vie en autonomie totale par rapport à Dieu.

La réponse de Dieu est à la fois réconfortante mais paradoxale. Une robe blanche fut donnée à chacun indiquant que même morts, aux yeux de Dieu, ils sont victorieux. Puis, il leur dit de se reposer parce qu’il y en a encore beaucoup qui doivent sacrifier leurs vies – v.11. Condamnés et maltraités par le monde, ils sont accueillis et choyés par Dieu.

Comment comprendre cela ? Si devenir chrétien doit nous apporter la santé et la prospérité, comment se fait-il que tous les témoins fidèles dans l’Apocalypse meurent en martyres ?

Celui qui voudra garder sa vie la perdra, celui qui la perdra à cause de moi la retrouvera.  

Le croyant est perdant dans cette vie, le problème est que nous voulons être gagnant à tous les niveaux, dans tous les temps. C’est possible ici, c’est pas possible dans de nombreux pays.

Comment pouvons-nous comprendre que tous les saints dans l’Apocalypse meurent en martyre ? En comprenant que la mort n’est pas le dernier ennemi. 

Un commentateur britannique, George Caird dit : « l’idée que la vie ici-bas est tellement précieuse que la mort nous en prive doit être la tragédie ultime et précisément le gendre d’idolâtrie que Jean cherche à combattre. »

Dans une société qui tout pour éviter ou retarder la mort un maximum, cette pensée fait réfléchir !

Ce qui est réclamé par les âmes des martyres, c’est le triomphe de la justice de Dieu, la manifestation de sa gloire. Attente de la fin du Mal : celui de la rupture avec Dieu et de celui qui est fait aux hommes.

Martyr est le témoin, le porteur de la Parole de Dieu dans et devant le monde. Il apporte un élément étranger au monde.

3. La vision des bouleversements cosmiques qui terrifient les hommes, sixième sceau.

Deuxième volet au chapitre 7, apparition du peuple de Dieu.

Les cataclysmes des v. 12-17 attestent que le monde n’est plus conservé, que l’ordre établi dans la création n’existe plus et que tout est inversé. 

Le texte insiste davantage sur les puissants parce que ils se croient à l’abri. Ils ont en main les moyens de leur sécurité., ils incarnent les puissances. v.16 Prise de conscience significative.

Ils poussent un cri de terreur, comme si le jour suprême était arrivé. C’est l’expression de ce pressentiment de la fin du monde, qui dans les grandes catastrophes de la nature saisit les hommes.

Conclusion

Le jugement de Dieu dans l'écriture, c'est toujours Dieu qui laisse les hommes aller dans leurs péchés (cf Romains 1) et leurs folies. La grâce de Dieu c'est de nous retenir, de s'opposer à nous, de nous reprendre. 

Le jugement de Dieu c'est : je te laisse aller dans le mal et le péché. Le jugement de Dieu est la conséquence naturelle de l'homme qui n'est pas délivré, renouvelé, quand Dieu n'intervient plus.

Il ne s'agit pour les 4 premiers cavaliers pas encore de la colère finale de Dieu, mais de punitions qui obéissent au principe de la causalité, les conséquences négatives accompagnant le péché et qui existent depuis le début de l'humanité, comme la guerre par exemple.

L’Apocalypse nous fournit des images frappantes, terrifiantes. Il n’y a que deux genres de personnes : ceux qui ont tourné le dos au Seigneur, et ceux qui se prosternent devant l’Agneau.

De quel groupe faisons-nous partie ? De celui qui verse le sang ou de celui dont le sang est versé ?